du Bombyx @ la Soie
Les Cévennes

20/06/99



De l'arbre à pain à l'arbre d'or

L'élevage du ver à soie s'est largement développé dans les Cévennes à partir de 1709. Les châtaigniers furent anéantis par un hiver exceptionnellement rigoureux (- 40° pendant 4 semaines !!) et remplacés par des mûriers - plus rapidement productifs que les châtaigniers.

La culture des mûriers se répandit grâce aussi à un jardinier, natif de Nîmes, nommé Le Traucat fortement encouragé par l'agronome Olivier de Serres. De plus, leur plantation était subventionnée en partie par les Etats du Languedoc.

C'est ainsi que l'on passe de l'ère de "l'arbre à pain" à "l'arbre d'or". Il devint vite la principale source de richesse de la région.

Les magnaneries cévenoles

Traditionnellement dans les Cévennes, les maisons sont de solides maisons de montagnes conçues pour résister aux assauts d'un climat rigoureux. Les murs en pierres irrégulières sont percées de petites ouvertures.

Les animaux étaient logés au rez-de-chaussée, les gens au premier étage et les vers au grenier.

On reconnaît les maisons dans lesquelles étaient installées des magnaneries aux petites ouvertures percées en grand nombre dans les combles, juste en dessous du toit, et aux petites cheminées (six ou huit) qui permettaient d'aérer les élevages et maintenir une température constante.

source : Détours n°34 juin 1997 - La Lozère grandeur nature

Le centre séricicole le plus important de France

Nîmes contrôlait tout le commerce de la soie de la fabrication (en redistribuant le travail de la soie) à l'exportation vers le bassin méditerranéen et jusqu'aux Indes.
On y fabrique plus de 120 variétés de soierie, en 1777.

La production de cocons alimentait une importante industrie dispersée à domicile mais contrôlée par des marchands fabricants au 18ème siècle, regroupée en usine au 19ème siècle.

Le moulinage était plus concentré, à Aubenas en particulier.

Les filatures des Cévennes alimentaient surtout les ateliers de soieries de Nîmes, Lyon ou Tours. Les tisserands cévenols ont orienté leur production vers la bonneterie, la confection de bas de soie.
La petite ville d'Anduze eut jusqu'à 20 filatures.
A Saint Jean du Gard une entreprise comptait 120 ouvriers.
Ganges s'était fait une spécialité du bas de soie. En 1789, le pays cévenol produisait plus de 200 000 paires de bas de soie par an.
Nîmes, Montpellier, Le Vigan, Ganges, Sumène sont les capitales de cette industrie du Sud de la France.

Le marché de la soie cévenole était Alès et Beaucaire celui de la soie provençale.

L'observatoire du Mont Aigoual

Il était destiné à abriter derrière ses murs épais des instruments de météorologie et de physique mais il existait aussi une pièce spéciale pour hiberner "la graine" de ver à soie.

En 1887, l'Administration forestière accepte d'installer deux lignes privées reliant l'observatoire aux bureaux de poste de Valleraugue et de Meyrueis.

Valleraugue est choisi en raison de sa proximité géographique mais aussi car cette localité est le centre d'un élevage important de ver à soie dont la prospérité dépend beaucoup à l'époque des conditions météorologiques.

Cette ligne a été créée pour activer les travaux de construction de l'Observatoire (surveillance plus stricte des chantiers, relance des entreprises ...) mais aussi pour la transmission des dépêches météorologiques.

Aujourd'hui, le renouveau

Voici vingt ans, la soie des Cévennes était bel et bien morte et enterrée.
Aujourd'hui, la passion, la tradition et la technologie la font renaître de ses cendres.

Tout d'abord, la passion d'André Schenk., le "Pape de la Soie".
Il était le directeur de la Station de recherches séricicoles de l'INRA à Alès. Il tente d'enrayer le déclin de la soie en modernisant la production. Il encourage la création d'une coopérative séricicole à Alès. Il est à l'origine de la Commission Séricicole Internationale, gouvernement des pays producteurs de soie grège.

Ensuite, l'oeuvre de Michel Costa, fils spirituel d'André Schenk, sera couronnée en 1976 par le prix de la Fondation de la vocation.
Géographiquement, le coeur de la relance forme le triangle :
Monoblet - St Hyppolite du Fort - Anduze
Elle emploie une trentaine de personnes et contribue au revenu de d'une soixante d'éleveurs.

Et même si sa production reste encore marginale (3 tonnes), c'est la seule filière européenne capable de maîtriser l'intégralité de la production du mûrier au tissu.