Du Bombyx @ la Soie
Le Midi Libre - 9 août 1998

15/07/00

page 30 : ALES pratique, rubrique : insolite

Une ancienne filature de soie
Souvenir d'une activité séricicole jadis florissante

Dans la rue de la Roque, adossé à la Maréchale près de l'escalier qui monte au Bosquet, un bâtiment ancien rénové présente sur deux niveaux de grandes ouvertures cintrées. Siège d'un cabinet d'études, ce local industriel a été construit en 1812 pour abriter la filature de soie Lacombe.
A Alès et en Cévennes, ils sont encore nombreux, ces ateliers de la première moitié du XIXe siècle, à ne pas être tombés en ruines. On se doute bien qu'une telle longévité n'est pas due, ici, à une volonté de conserver le patrimoine. C'est la modernité de leur conception qui les a rendus adaptables à d'autres activités. Leur caractéristique la plus visible, c'est le nombre et la taille des baies vitrées, laissant entrer un maximum de lumière naturelle pour éclairer ces activités de précision qu'étaient la moulinerie et la filature de soie. L'éclairage électrique n'est apparu qu'à la fin du XIXe siècle.
De l'autre côté de la rue de la Roque, la moulinerie de soie Lacombe utilisait à l'origine la force motrice de l'eau amenée par le canal des Moulins. La filature, équipée d'une machine à vapeur en 1845, a compté jusqu'à 42 bassines. Elle est passée à la famille Bourrély qui l'a exploitée jusqu'en 1924. Plus tard, le pharmacien Jalaguier a installé dans ce local le "Tricotage élastique des Cévennes", qui fabriquait des bandages.
Le travail de la soie a été, avant le charbon et la métallurgie, une industrie d'importance majeure à Alès. Elle a connu son apogée au milieu du XIXe siècle. Son expansion fut alors arrêtée par l'épidémie qui ravagea les élevages de vers à soie. De 25 000 tonnes en 1850, la production cévenole de cocons était passée à 300 tonnes en 1865. Malgré les résultats obtenus par Pasteur, venu à Alès à l'appel de son ancien professeur Jean-Baptiste Dumas, l'activité séricicole ne retrouva jamais le niveau qu'elle avait connu. Elle se poursuivit cependant jusque dans les années 1950 et connaît une renaissance, du côté de Monoblet et St-Hippolyte-du-Fort.

Alain ANDRE
=> Plusieurs des informations ci-dessus sont tirées des fiches de Michel WIENIN sur le patrimoine industriel.