Du Bombyx @ la Soie
ARTICLES DE MAGAZINES

17/08/99

Ici et là - les Cévennes n° 36 - septembre/octobre 1998
rubrique découverte, article page 83 : Cévennes le "Pays de la soie"

"Fondée en 1988, l'association des Chemins de la soie s'attache à mettre en valeur un patrimoine séricicole qui participe largement à l'identité cévenole. Le parcours qu'elle a imaginé guide ainsi les pas des visiteurs à travers musées, sites et bâtiments témoins de la principale activité économique de ces vallées entre le XIIIe siècle et le début du XXe.

Au XVIIIe siècle, les Cévennes étaient en effet connues dans l'Europe entière comme "le Pays de la soie". Sa capitale, Alès, était alors la plus importante place du royaume pour le négoce de la soie. Après avoir connu son âge d'or, la sériciculture cévenole va commencer à dépérir au début du XIXe, touchée d'abord par une maladie du ver à soie : la pébrine (finalement enrayée grâce aux travaux de Pasteur), puis, avec l'ouverture du canal de Suez, par la concurrence de l'Extrême Orient, et enfin par l'apparition des fibres synthétiques et artificielles.

Un mouvement de relance, initié dans les années 1970, tente, non sans difficultés, de ranimer l'activité séricicole en la faisant bénéficier de progrès technologiques portant aussi bien sur la culture et la sélection des mûriers que sur l'amélioration des techniques de filage et de tissage. Une façon toute cévenole de marier activité économique, mémoire, culture et tourisme.

Les chemins de la soie
* A Saint-Hippolyte-du-Fort, le Musée de la soie entretient le souvenir de la sériciculture cévenole et reproduit, à petite échelle, les différentes phases de sa pratique traditionnelle : élevage des vers, transformation des cocons, tissage et tricotage (Place du 8 mai 1945, 30170 Saint-Hippolyte-du-Fort).
* Entre Barre-des-Cévennes et Sainte-Croix-Vallée-Française (D 983), la magnanerie de la Roque occupe un sévère bâtiment de schiste, construit à la fin du XIXe, où l'on éduquait (terme consacré pour l'élevage) les magnans, autrement dit les vers à soie. Elle abrite aujourd'hui un écomusée très instructif.

* A Saint-Jean-du-Gard, le Musée des vallées cévenoles aborde lui aussi en détail l'histoire de la sériciculture cévenole : éducation des vers, tirage des fils et tissage de la soie (95, Grand Rue 30270 Saint-Jean-du-Gard).

* Au Vigan, le Musée cévenol est installé dans une ancienne filature de soie du XVIIIe. Ses collections, qui concernent toute la filière de production de la soie, du cocon au tissage, sont particulièrement riches en produits finis : somptueux tissus et vêtements anciens (1 rue des Calquières - 30120 Le Vigan).

* De nombreuses filatures, désormais désaffectées, dressent toujours leurs bâtiments, facilement identifiables, dans le paysage, comme la filature de Maison Rouge (près de Saint-Jean-du-Gard), qui a fermé ses portes en 1965 et fut la dernière filature industrielle des Cévennes, ou la filature du Mazel (dans la haute vallée de l'Hérault), à nouveau active depuis qu'elle a pris la suite de celle de Gréfeuilhe, à Monoblet, où demeurent cependant des activités de tissage et de tricotage.

Lecture :
- "Chroniques cévenoles - Une famille de filateurs de soie à Valleraugue (1797 - 1904)", de Rémi Teissier du Cros (éd. des Presses du Languedoc).
- "Les Seigneurs de la soie", de j.-P. Chabrol (préface de Ph. Joutard) : trois siècles (XVIIe-XIXe) de la vie d'une famille cévenole (éd. des Presses du Languedoc)."