Du Bombyx @ la Soie
Le Monde - 7 janvier 1999

17/07/00

SCIENCES : dynamique en matière d'innovation et de recherche, le secteur du textile est en train d'effectuer sa révolution transgénique.
A LYON, capitale historique de la soie, une équipe de chercheurs travaille actuellement sur le ver à soie - la chenille d'un papillon, le bombyx du mûrier -, dont la glande séricigène pourrait être génétiquement modifiée pour lui faire fabriquer d'autres protéines que la soie.
A TERME, ces scientifiques de l'INRA, du CNRS et de l'université de Lyon-I souhaitent lui faire produire une soie d'araignée dont la protéine aux qualités exceptionnelles donne un fil qui, à diamètre égal, est plus robuste que l'acier.
D'AUTRES PRODUITS naturels, comme le lin, le coton et la laine de mouton font aussi l'objet de recherches en transgénèse afin de se voir conférer de nouvelles propriétés.

Les soyeux veulent créer un ver à soie produisant du fil d'araignée
Des chercheurs lyonnais tentent d'intégrer dans l'ADN du bombyx le gène codant pour la protéine constitutive du fil d'araignée.
Les premières chenilles transgéniques devraient être obtenues fin janvier.

Lin, laine et coton génétiquement modifiés
Dans le secteur textile, le ver à soie n'est pas la seule cible des spécialistes de la transgénèse. Des chercheurs néo-zélandais ont introduit dans le patrimoine génétique des moutons le gène d'un facteur de croissance s'exprimant dans le follicule pileux. Résultat : 5 à 10 % de laine en plus. Chez les végétaux, des chercheurs français de l'INRA, du CNRS et des universités de Lille et d'Amiens travaillent actuellement sur le lin afin d'obtenir par transgénèse des plantes se prêtant mieux au rouissage, opération qui consiste à isoler les fibres textiles en détruisant le "ciment" de lignine et de pectine qui les colle les unes aux autres. Autre sujet de choix pour les biologistes, le coton. La société américaine Monsanto, spécialiste des organismes génétiquement modifiés (OGM), planche sur des cotons plus doux, infroissables et qui ne rétrécissent pas ainsi que sur des cotons "naturellement" colorés. Son homologue Agracetus étudie un coton plus chaud, plus isolant.

Pierre BARTHELEMY